Avant d’être dans nos ventres, nos utérus et nos périnées, la liberté commence dans nos pieds, nos chevilles et nos hanches, quelques soit l’angle sous lequel on regarde : lien avec la terre, aspects corporels (posture, chaîne musculaire, respiration…) ou émotionnels.
Je vivais à la campagne, enfant. Je revois les femmes et leurs pas assurés. Dans la ville tout près où j’allais au collège plus tard, les petits pas mal assurés des talons hauts tapaient sur les trottoirs. J’avais 15 ans et je voyais déjà les chevilles tenues, les bassins retenus, les respirations limitées et les compensations mises en place pour marcher avec ce qui est fait par « les gens de la mode » à destination des femmes.
Amoureuse des grands champs et des bois, du vélo dans le vent et de la danse, il m’apparaissait évident que je marcherai adulte pieds et chevilles libres. D’ailleurs, ne met-on pas des chaînes aux pieds des détenus pour qu’ils ne s’échappent pas !?
J’imaginais les pieds des petites Chinoises que l’on bandait jour après jours sous couvert de critères de beauté. Leurs mères s’y employaient. C’est sûr qu’elles n’allaient pas courir loin avec des pieds comme ça ! Dans le pays de la liberté et de l’égalité, que faisons nous sous couvert de la mode ?! Nous mettons ce qui nous est présenté en boutique pour nous trouver belles selon des critères extérieurs à nous-mêmes et au prix de notre liberté. En gagnant en hauteur ou en finesse (les pieds larges ou longs n’ont pas bonne presse, ils ont leur rayons spécialisés !), nous perdons en stabilité, en ancrage, en adaptabilité (en nous sur-adaptant), en mobilité. Ces qualités sont les principaux atouts de nos périnées de femmes. En portant des talons hauts et des chaussures serrées, c’est à cela que nous renonçons, gagnant de surcroît distorsions corporelles et intérieures. Car bien sûr, outre le fait de se couper de la terre, de nous mettre le corps de travers, nous plantons des graines d’états intérieurs et d’émotions contradictoires : je ne suis pas assez comme ci ou il faut que je sois comme ça… Et, coupées de notre ancrage, de notre alignement, de notre respiration fluide, chevilles et bassins enserrés dans nos compensations musculaires, nous devenons de plus en plus instables, fragiles, dépendantes du regard extérieur et donc en perte de liberté propre. Pour être libres dans nos ventres, nos utérus, nos périnées et de fait, dans nos cœurs et nos pensées, nous avons besoin de pieds, de chevilles et d’articulations de hanches libres. Aucun périnée ne peut être en santé durablement sans cela.
Posons nos pieds sur terre, soyons dans nos bases pour habiter pleinement nos ventres et nos cœurs de femmes ! Ouvrons nous chaque jour à la connaissance et à la conscience !
Efféa Aguiléra