Périnée et fatigue, une loooongue histoire, une bombe à retardement

Beaucoup de questions et d’étonnements me sont parvenus suite à mon article « périnée tout raplapla de fatigue » il y a quelques jours. Beaucoup de femmes n’avaient pas imaginé que leur périnée puisse être fatigué. Elles se demandent pourquoi et comment c’est possible et m’interroge sur ce qui se passe. Peurs et croyances émergent. Je suis touchée une fois encore de constater combien cela nous est difficile et nous fait réagir quand nos croyances sont touchées.

 

Avant de commencer votre lecture, je vous informe que cet article risque de venir chatouiller vos croyances justement, vous faire réagir, vous mettre en colère ou vous rendre triste. Il est temps d’arrêter si ce n’est pas un moment adéquat pour vous de lire une autre façon de penser. Il est temps de respirer tranquillement si vous vous lancer dans cette lecture. Je survole ici ce sujet que j’approfondirai dans mon prochain livre ou d’autres articles. Je vous remercie de votre compréhension si vous ne trouvez pas « le » détail ou la solution que vous attendez. Je souhaite apporter ici des éléments de réflexion et observation. Mon approche est globale, je ne donnerai donc pas de détails ici sur les solutions. Cette façon de faire qui consiste à donner une réponse à chaque problème n’est pas la mienne. Je ne sais pas en effet diviser le corps en petite partie et apporter des réponses locales. En revanche, j’ai confiance que chaque femme puisse faire grandir sa « guérisseuse intérieure » et développer son autonomie, en se faisant accompagner si nécessaire tout en restant dans sa responsabilité. C’est ainsi que sera en présence de son plein potentiel (et de celui de son périnée bien sûr).

J’identifie plusieurs type de fatigue du périnée et donc plusieurs causes. Un périnée fatigué peut être sans symptôme pendant de nombreuses années car nous sommes en train de lui « fabriquer » sa fatigue. Les solutions qui paraissent adéquates voire miracles à certains symptômes occasionnels peuvent se révéler des bombes à retardement 20 ou 30 ans plus tard. Cet article a une visée d’information et non de « réparation » des troubles ou symptômes. Voici les différents types de fatigue ou causes de fatigue que j’ai identifié. D’autres peuvent sans doute être ajoutés, n’hésitez pas à me le dire.

 

Fatigue suite à une maladie ou infection occasionnelle

C’est le thème que j’ai développé dans mon précédent article. Lors d’une infection occasionnelle quelque elle soit, notre corps met toute son énergie à notre guérison. Le repos est nécessaire de même que limiter son alimentation afin d’offrir les meilleures conditions de récupération. Il est important de respecter ce besoin de repos et une reprise progressive des activités. Je sais combien ce n’est pas toujours possible. Toutefois, le fait de le savoir permet de prendre soin de soi dès que possible. C’est la répétition et l’accumulation de fatigue qui va poser problème. Prendre soin, c’est se respecter, écouter ce qui est là, faire de son mieux sans viser la perfection, bien sûr.

 

Fatigue/épuisement dans une maladie chronique

Les personnes touchées par une maladie chronique parlent souvent de l’épuisement qu’elles vivent au quotidien. Pourtant peu font le lien avec leur périnée, comme si lui n’avait pas droit au repos. Il faudrait le muscler sans relâche. J’invite dans ce type de situation à faire un point global de ce qui se passe là, ajuster son regard, s’offrir et offrir compassion et douceur à son périnée, l’intégrer dans son schéma corporel global, dans son chemin de guérison global.

 

Epuisement du système nerveux

Cet aspect rejoint le précédent, mais pas seulement. Beaucoup sont celles et ceux dont le système nerveux est épuisé (surtout dans les grandes villes) et qui vivent au quotidien sur des réserves qu’ils n’ont plus et donc sur l’énergie des nerfs produisant ainsi un stress dit oxydatif interne au corps. Le stress occasionnel ou quotidien est bien sûr également un des éléments de cet épuisement, de même que la confusion entre besoin de repos et désir de s’activer (de faire encore et encore avec difficulté à s’arrêter), les émotions refoulées, le manque d’ancrage etc. Alors pourquoi notre périnée est-il sujet à cette fatigue-là ?

– parce qu’il fait partie du système musculaire et que le repos est essentiel à ce système, tout comme l’est l’activité,

– parce qu’il fait partie de la structure soutenante des viscères du petit bassin et que, dans cet épuisement les ligaments (ceux qui « attachent » les organes) se trouvent eux aussi affectés et se distendent,

– parce que ses fonctions sont vitales et très en lien avec le système nerveux (vous savez comme moi qu’un stress ou une peur peuvent provoquer constipation, diarrhée ou écoulement d’urine involontaire). Cela se joue dans l’intestin ou la vessie me direz vous, oui mais… en bout de chaine, c’est le périnée qui est là… il est concerné au premier plan par ce qui se passe dans l’intestin, comme dans la vessie… !)

– parce que, en cas d’épuisement, notre corps met en priorité les organes vitaux. Le système musculaire n’en fait pas partie.

 

Epuisement par serrage systématique et pipi stop

Avez-vous déjà ressenti une vraie détente au niveau de votre périnée, de votre anus, de votre vagin ? Si oui, je suis certaine que vous le savez et que vous l’avez clairement identifié. En occident, beaucoup d’entre nous ont les fesses serrées, trop serrées, la zone anale contractée, plus ou moins mais quand même souvent trop. Nous ne le savons pas, c’est comme ça et nous « faisons » avec. Notre périnée s’adapte et fini par se suradapté. La zone inférieure du rectum, le sphincter anal, la vessie, le sphincter de l’urètre en sont déboussolés et finissent par en devenir « fous ». Qui dit « fou » dit comportement inadapté. Et justement, au moment où ils devraient se relâcher pour permettre la « vidange », ils se contractent, provoquant l’effet inverse. Alors, on force aux toilettes sur un périnée épuisé d’être tout le temps serré provoquant plus d’incompréhension plus grande encore de cette zone délicate et des chocs à répétition.

C’est la même chose pour le pipi stop qui consiste à arrêter le jet d’urine pendant la miction. Pendant la vidange de la vessie, il y a une ouverture naturelle du sphincter qui ferme l’urètre qui est habituellement en position fermée, comme un robinet. La vessie elle se vide automatiquement par la seule action de la détente. Contrarier ce processus, qui plus est quotidiennement, fini par « tourner la tête » du processus qui devient fou. Avec les années ou avec la fatigue, cette « bonne mécanique » naturelle fini par ne plus fonctionner et réagir à l’inverse de ce que nous attendons justement, un bon serrage au bon moment. Mon amie Fanja Randriamanjato, sage femme, pour expliquer cela, compare notre périnée à de la robinetterie. Elle dit qu’à force de serrer les vis, il nous faut les serrer toujours plus fort. Les joints s’usent, les pas de vis aussi. C’est pour cette raison dit-elle que nous avons inventé les mitigeurs dans nos salles de bain !

 

Comportement inadéquat aux toilettes

Un autre comportement fréquent aux toilettes, pour faire vite et vidanger sa vessie en un temps record, consiste à pousser pour uriner. Vous comprendrez aisément en référence au paragraphe ci-dessus que cette façon de faire n’est pas adéquate et épuise l’urètre et tourneboule la vessie.

L’autre comportement inadéquat se fait à notre insu dans notre position pour aller aux toilettes. Celles-ci sont généralement trop hautes, ne permettant pas la flexion de hanches, l’alignement et l’ouverture nécessaires à la vidange totale du rectum à chaque défécation. Cette détente naturelle liée à la position ne se faisant pas comme cela peut être le cas en forêt ou dans des toilettes à la Turc, nous devons pousser et provoquons ainsi, jour après jour un épuisement local en même temps que des informations confuses à notre corps.

 

Connaissance de soi, de cette zone du périnée, de nos fonctionnements physiologiques et bon sens sont à notre service pour éviter ces épuisements.

 

Belle journée à toute et tous.

Efféa