Troubles du périnée et développement naturel du petit enfant

Il est si touchant de voir nos enfants faire leurs premiers « tout » : première inspiration, première tété, premier bain, premiers quatre-pattes, premiers pas… Nos cœurs de parents fondent de tendresse pendant que, dans le cerveau de nos petits se font des étapes majeures de leur croissance. En effet, tous ces moments si précieux de l’enfance sont des étapes essentielles à la maturation de leur système nerveux dit neuro-fonctionnel. Tous les enfants du monde quelque soit leurs pays ou leurs cultures réalisent ces mêmes gestes, mêmes jeux, mêmes répétitions, mêmes rythmes, à une condition toutefois (et pas la moindre), que nous les laissions faire. Oui, vous avez bien lu, que nous, parents, éducateurs, accompagnants, personnel médical, les laissions faire, c’est à dire, ne les empêchions pas.

Rassurez-vous, je ne m’éloigne pas du tout de mon thème, le périnée…

 

En effet, plus l’enfant est pris à la naissance, nettoyé, baigné, « déplier », aspiré, plus nous l’installons plus tard sur des sièges ou youpala sans qu’ils aient le temps de rouler, ramper, marcher à genou, plus nous lui tenons les mains pour qu’il marche et l’ « éduquons à la propreté » (nos enfants seraient-ils sales parce qu’ils ne sont pas neurologiquement en mesure de contrôler leurs sphincters ?!), plus cet enfants, ces enfants seront obligés de compenser dans leur corps et aussi dans leur système nerveux pour réaliser de se mettre debout et marcher. La suite est bien connue des praticiens en réflexes archaïques ou praticiens Padovan : agitation, difficulté de concentration, d’écriture ou de lecture, fatigue, énurésie par exemple, parmi tant d’autres.

Mais comme je l’ai dit, l’enfant va compenser. Il va faire de son mieux (quoique nous en pensions) pour réaliser ce que nous lui demandons au prix de compensations intérieures énormes parfois visibles parfois non identifiables à l’œil non expérimenté. Nous l’avons éduquer et nous sommes contents, nous adultes ! Mais qu’en est-il réellement pour lui ?

Ce que nous savons ou que nous observons c’est que, pour les plus chanceux, cette compensation va généralement être efficace pour ne pas dire tenir pendant environ 30, 35, ou 40 ans. Ensuite, le cerveau n’étant plus en mesure de réaliser au quotidien ce travail de titan hors de tout bon sens corporel, vont apparaître tensions musculaires, gênes diverses, difficultés de vision par exemple et d’après moi c’est le moment où peuvent apparaître des problèmes de fuites urinaires, descentes d’organes et autres désagréments pour les femmes et parfois aussi pour les hommes. Ces désagréments peuvent aussi apparaître avec ou après une grande fatigue, un stress, un choc, un deuil et… d’après moi toujours, lors un accouchement (je parle toujours du système neuro-fonction et non du passage du bébé).

 

Alors… que dire ?…

Pour moi, la réponse n’est jamais de rééduquer en premier lieu (et même de rééduquer…). Après avoir été éduquer, faudrait-il rééduquer, forcer, obligé et être comme-ci ou comme ça parce que « nous » (qui nous, d’ailleurs ?) l’avons décidé. Pensez un instant à l’effort que représente pour un gaucher d’être obligé, forcé au quotidien d’écrire de la main droite comme cela a été le cas dans les écoles par le passé ! Imaginez la violence pour le nouveau né d’être déplié, aspiré, laver, habillé alors qu’il vient de prendre sa première inspiration hors du ventre maternel douillet ! N’avez vous jamais été puni en classe à recopier 200 fois la même phrase, cloué sur votre chaise, épuisé de concentration et d’incompréhension, alors que votre plus grand besoin était de courir dehors et de vous détendre ?

Pourra-t-on un jour imaginer la violence que représente une rééducation si le système neuro-fonctionnel n’est pas mâture, si nous avons rater des étapes de croissances ?

Car nous sommes nombreux à avoir sauté des étapes. Je revois moi-même des photos de moi bébé dans mon youpala alors que mes pieds ne se posaient même pas sur le sol. Nous étions la fierté de notre mère car nous étions propre l’un à un an, l’autre à 13 mois. Bon… pour le narcissisme parental de ma mère, 13 mois, pour sa fille, c’était décevant, mais supportable. J’ai moi-même été une spécialiste de la compensation et la danse au niveau où je la pratiquais à renforcé cela « joyeusement ». Ensuite, mes rencontres, mes études et formations puis les aléas de la vie avec une maladie très grave endommageant mon système nerveux m’ont amenée à démonter pas à pas (ou plutôt en rampant !) ces nombreuses façons de faire involontaires. N’en voulons pas à nos parents, ils ont fait de leur mieux avec leurs moyens (pas de machine à laver le linge, cheminée pour se chauffer…) et ils ne savaient pas. Ne nous en voulons pas si nous avons fait de la sorte avec nos enfants. Regardons ce que nous faisons maintenant. Accepterions nous de nous mettre tous à écrire de la main gauche si nous sommes droitiers parce qu’il faut le faire, que c’est ainsi, qu’on nous le dit. Accepterions-nous cette violence qui deviendrait « normale » et que nous répéterions à nos enfants de générations en générations ?

Ne vous méprenez pas. Je n’ai pas dit qu’un périnée de femme ne doit pas être fort ou musclé, car je pense justement qu’il l’est tout naturellement autant qu’il est souple et mobile naturellement (la force d’un muscle et sa tonicité viennent de sa capacité de mobilité et de souplesse, jamais de sa contraction seule). Une des causes qui le gêne et l’empêche d’être dans son plein potentiel est le non-respect du développement du système nerveux dans la petite enfance. Et il n’est jamais trop tard. Il existe des pratiques et des praticiens qui vont dans ce sens, bien sûr.

Je nous invite, encore et encore, à nous écouter, à contacter notre bon sens, à aller vers plus de connaissance, à ne pas nous laissez dire. Sans doute cet article fera réagir beaucoup d’entre vous et tant mieux. Si c’est le cas, faites des recherches, écouter votre corps, prenez soin, aimez-vous, respectez-vous suffisamment pour identifier ce qui est dans la justesse, le bon sens et le respect pour vous.

L’ignorance n’est jamais porteuse de liberté. La connaissance, le bon sens, l’écoute de soi et le respect le sont.

 

Bientôt un article sur les réflexes archaïques pour étayer et expliquer mon propos. Et sortie de mon prochain livre au premier trimestre 2018 avec toutes ces explications et bien d’autres.

 

Efféa, 26 avril 2017
Auteure de «Rituels de femmes pour découvrir le potentiel du périnée», aux éd. Le Courrier du Livre